Rapport du capitaine E. Estrelaint au Maelström
Relatif à l’île dérivant en mer de Rhotano
26e soleil de la 1ère Lune Ombrale
Conformément aux instructions reçues du Maelström, la Navigatrice a levé l’ancre le 19e soleil de la 1ère Lune Ombrale. Outre l’équipage se trouvait à son bord Mme Bhaldwyb Niunaglwyn, agente du Maelström, dont l’expertise éthérique était requise pour cette mission. Le navire a quitté le port de Limsa Lominsa vers la neuvième heure du jour, direction sud-est, avec pour cap les coordonnées fournies par le capitaine Thorklyng, commandant l’Artilleur.
Cet endroit, première localisation connue de l’île, devait nous servir de point de départ. Nous mettrions ensuite le cap vers l’est pour contourner les Cieldalaes par le nord. J’avais en effet noté le mouvement circulaire entrepris par l’île, en fonction des différentes coordonnées reçues : elle semblait suivre le courant autour de l’archipel et remontant vers le détroit de Merlthor. Notre objectif était donc de tenter de lui couper la route au nord-est des Cieldalaes.
Cette stratégie nous a permis d’apercevoir l’île en question à la quinzième heure du jour, le 22e soleil de la 1ère Lune Ombrale. Les données relatives à la topographie de l’île se trouvent en annexe du présent rapport.

À notre arrivée sur place, nous avons immédiatement été les cibles d’attaques de créatures marines. A en juger par leurs appendices lumineux, au-dessus de leurs têtes, nous avons immédiatement pensé à des créatures des profondeurs – or celles-ci se trouvaient bel et bien en surface, à l’air libre.
La foudre de Mme Niunaglwyn s’est avérée particulièrement efficace sur ces individus, qui ont rapidement pris la fuite. Le corps d’une de ces créatures a été récupéré sur mon ordre et conservé dans la cale en attendant son transport à Limsa Lominsa pour examens complémentaires.
Mme Niunaglwyn a noté des manifestations éthériques intrigantes sur l’île. Une source d’éther importante semblait se trouver nos pieds, dans les profondeurs du sol, et paraissait aspirée vers un point à la surface, au nord de notre position. Nous avons donc continué dans cette direction. A l’abri d’un récif corallien édifié sur cette étrange terre, nous avons trouvé les corps de deux autres créatures marines, différentes des précédentes. N’ayant pu récupérer l’une d’elles pour examens, j’en ai fait un croquis joint au présent rapport. Les deux êtres étaient vivants, quoi que très affaiblis. Ils gisaient près d’une couvée d’œufs reliés au sol par des filaments, nous laissant supposer qu’en dépit de leurs branchies, ils avaient dû se résoudre à rester en surface pour protéger leur progéniture. Affaiblis par le manque d’oxygène, ils étaient en grave péril. Nous avons donc opté pour continuer notre exploration, toujours vers le nord, vers le point où l’énergie éthérée était attirée.

À ce stade de notre expédition, nous commencions à nous interroger sur la nature réelle de cette île. La présence d’une forte concentration d’éther en sous-sol tendait à indiquer la présence d’une source naturelle, ou bien de formes de vie. Bien vite, nous en sommes venus à la conclusion que cette île tout entière était elle-même la forme de vie, source de cette concentration. La présence de créatures marines sur son dos, ainsi que la flore coralienne à sa surface, indiquait qu’elle passait le plus clair de son temps sous les flots, probablement très en profondeur, ce qui expliquerait pourquoi personne ne l’avait encore jamais vu. Une seule chose restait incompréhensible : pourquoi se trouvait-elle désormais en surface ?
Par mesure de précaution, j’ai demandé aux matelots de la Navigatrice de retourner à la chaloupe et de nous y attendre. Ainsi, si l’île décidait de replonger, ils seraient en mesure de partir rapidement et de regagner le navire avant d’être pris dans le vortex. Mme Niunaglwyn et moi tenterions de les rejoindre au plus vite.


La réponse nous est rapidement parvenue, lorsque nous avons atteint le point où l’énergie éthérée était attirée. Une gigantesque créature, semblable à une raie, était fixée sur le dos de l’île et aspirait son éther à la façon d’un parasite. Nous en avons conclu que cette espèce s’apprêtait à tuer l’île en la vidant de sa substance, et entraînerait donc la mort des espèces autochtones.
Par conséquent, j’ai pris la décision d’abattre ce parasite et demandé à Mme Niunaglwyn de me prêter main forte.
La créature disposait d’une importante réserve d’éther qui lui octroyait un bouclier absorbant la plupart des attaques magiques. J’ai pu, à l’aide de mon sabre, briser cette protection, permettant à Mme Niunaglwyn de la frapper avec des sorts de foudre.
La créature éliminée, l’île a presque immédiatement manifesté son intention de replonger. Nous nous sommes alors précipités vers la plage où se trouvaient la chaloupe et les matelots de la Navigatrice. Nous avons pu les rejoindre in extremis et regagner le navire avant que le vortex, causé par la plongée de l’île, ne nous aspire avec elle. L’île n’a pas reparu après cela, et je suppose qu’elle a pu retrouver les profondeurs dont elle était issue. Les créatures présentes à sa surface ont sans doute pu survivre – les œufs, en tout cas, étaient intacts lorsque nous les avons laissés.
La Navigatrice a donc pu contribuer à la découverte de plusieurs espèces encore inconnues à ce jour. Les richesses des profondeurs ne nous ont pas encore toutes été dévoilées.
Capitaine E. Estrelaint
Commandant la Navigatrice
Trame : « L’île mystérieuse », par Alyrae (Ermengard)
Crédits images : Ray Lederer